Le feu couve dans le département de Mbour, plus précisément dans les communes de Malicounda, Nguéniène et de Sindia. La forêt classée de Nianing, d’une superficie de 1.276 hectares serait en voie d’être déclassifiée . Informés du projet porté par le maire de Sandiara, ces pasteurs se disent prêts à y laisser leurs vies pour en empêcher la réalisation. Craignant l’hécatombe, les protestataires invitent le Chef de l’Etat à ne pas signer le décret de déclassification de la zone. La forêt classée de Balabougou est vitale pour les villages qu’elle polarise.
Les éleveurs et les paysans des communes de Malicounda, Nguéniène et Sandiara se dressent contre le maire de Sandiara. Leur différend provient de la volonté de Serigne Guéye Diop de faire ériger dans la forêt enjambant les trois collectivités territoriales, un projet agricole sur une superficie de 1276 hectares, cela à l’insu même des maires de Malicounda et de Nguéniène.
Pris de court, ces pasteurs ont tout bonnement boycotté le comité régional de développement (crd) spécial consacré à la faisabilité du projet. Ce qui est le plus courrouçant dans cette affaire, explique Amadou Kâ, président départemental de la Maison des Eleveurs « Gallé Ay nabé », c’est que le maire de Sandiara, dont la commune ne recouvre que 15 hectares sur la forêt classée, soit 1, 17% de la superficie, veuille faire main basse sur les 91% autres se situant dans la commune de Malicounda et les 8 % de celle de Nguéniène.
Eleveurs et paysans des trois communes sont unanimes à reconnaitre le rôle de régulateur social et économique de cette foret classée qui constitue à la fois une zone de pâturage pour éleveurs en saison sèche mais aussi de terres cultivables pour agriculteurs en période d’hivernage avec 1 hectare affecté à chaque famille.
Conscients des conséquences désastreuses de ce projet sur leurs activités économiques, ces pasteurs alertent l’opinion et la plus haute Autorité du pays quant au risque de confrontation directe qui pourrait survenir. Foncièrement opposés à cette donne, ils n’ont pas mis du temps pour sonner la riposte. En rassemblement hier lundi à Wendi Thiowel, un village peulh de la commune de Nguéniène, ces protestataires ont laissé éclater leur courroux.
Pour Gallo Dia, le président de la fédération départementale des éleveurs, ses mandants sont prêts à donner de leur vie pour que ce projet ne passe pas. « Il ne nous reste qu’une seule forêt dans cette localité. Notre propos n’est teinté d’aucune coloration politique. Nous sommes natifs d’ici et ne comptons pas y bouger d’un iota. Nous ne saurions accepter aucunement qu’un maire pour lequel même nous manquons de qualificatif, puisse se permettre d’autorité, d’attribuer toute cette assiette foncière à un Blanc, quelque soit par ailleurs la nature et l’importance du projet à y réaliser. Que Serigne Guéye Diop sache qu’il passerait sur nos cadavres pour que ce projet puisse voir le jour ». C’est en ces termes on ne peut plus clair que le sieur Gallo Dia, a exprimé la volonté des villageois de faire face à cette volonté des politiciens.
« Si vraiment les initiateurs de ce projet veulent que leur idée soit concrétisée, ils n’ont qu’ à faire recours aux militaires. Quant ces derniers auront fini de massacrer 2000 des nôtres, alors, ce projet pourra voir le jour », lâche le chef du village de Sinthiou Mbadane Peulh, amer.
Gallo Dia d’en appeler à l’intervention sage du Chef de l’Etat pour éviter le pire . » J’invite le Président Macky Sall à prendre à bras le corps cette question, pour nous éviter de vivre une situation déplorable. Ce rapport de force que l’on veut nous imposer, nous comptons nous y opposer énergiquement, sans coup férir. Serigne Guéye Diop passe pour avoir cette faculté d’imposer tous ses projets aux populations. Je veux que tout le monde sache que cette fois-ci, il nous trouvera sur son chemin. Je le jure, il ne va pas réaliser son projet. Nous demandons solennellement au Président Macky Sall de ne pas signer ce décret de déclassement ».
Etienne Ndiaye